samedi 1 décembre 2012

La tête dans les mains, baissée sans oser regarder l’écran de la télé. Avant même l’intervention du Premier ministre, Fred Maris et Lionel Buriello en avait gros sur le cœur. « C’est ce qu’on craignait depuis le matin. Une très mauvaise nouvelle », crient, les larmes aux yeux, les deux jeunes syndicalistes CGT et salariés de la filière chaude. À l’issue des annonces de Jean-Marc Ayrault, le silence est pesant malgré la multitude de micros aux aguets dans le local syndical. Alors que depuis mercredi, l’éventualité d’une nationalisation et la rencontre avec Arnaud Montebourg avaient ramené un peu d’espoir pour toute l’intersyndicale, l’inquiétude et la colère ont peu à peu repris le pas, hier. « La solution, elle était là ! Le dossier, bouclé. Y’avait qu’à mettre une signature ! », s’énerve Lionel. Au fur et à mesure des « fuites » évoquant une contre-proposition de Mittal et ce troisième scénario, « inacceptable », les militants affichent des mines défaites. « À partir du moment où c’est Ayrault qui allait s’exprimer… Les nouvelles ne pouvaient plus être bonnes », glisse Édouard Martin (CFDT). Dès 20h, militants, familles et salariés qui avaient fait le pied de grue une bonne partie de la journée, en vain, dans l’espoir d’une annonce, ont repris leurs téléphones pour venir aux nouvelles. « On est mort. C’est cuit. Il nous l’a fait à l’envers… » K.-O. debout, les militants de la CGT ne sont plus bavards. Rien ne les rassure. Pas de plan social ? « Moi, le 1 er janvier, je serai licencié économique », lâche Reynald, salarié d’un sous-traitant. « Le gouvernement n’a rien gagné !Entre les 250 salariés détachés sur les sites du froid et les mesures d’âges possibles, il n’y aura de toute façon personne sur le carreau, assure Francis Lopera (CGT). 180 M€, c’est une goutte d’eau. On va attendre Ulcos, on va y croire un petit peu… Et dans un an, c’est fini ! Si on nous garantit Ulcos en 2013 et qu’on démarre les travaux, pourquoi pas. Mais ça, je ne l’ai pas entendu ! » Seule victoire ? Seul son de cloche discordant dans le sentiment de déception et de trahison ressenti, Walter Broccoli (FO) saluait « une victoire ». « L’objectif était bien que l’acier coule encore en Lorraine, on a Ulcos pour continuer. Je ne ferai pas la fine bouche, il faut être raisonnable. Rester sous la tutelle de Mittal, c’est aussi soulager l’inquiétude des autres sites : Dunkerque, Mouzon… » Contre les promesses non tenues de Mittal, le responsable FO veut croire en la parole du gouvernement. Mais pour tous les autres, la poursuite en veille des hauts fourneaux et les promesses de Mittal ont « trop un goût de déjà-vu » pour rassurer. « Ce n’est pas ce qu’on attendait. Mais il faut qu’on prenne du temps. Le premier sentiment n’est pas clair », avoue Frédéric Weber (CFDT). Dépitée, Céline le résume en une phrase : « Tant que je ne verrai pas le haut fourneau cracher de la fumée, on n’aura pas gagné ! » RL DU 01/12/12....................................................................

5 commentaires:

Paluc a dit…

Beaucoup de courage des salariés pour un combat social très difficile.
Comment croire à la pérennité de ce site...

Probablement les promesses de Hollande seront mieux percues que celles de Sarkozy. Un est passé maître dans l'art de la communication avec les syndicalistes par des méthodes pour le moins soporifiques, l'autre pas...

Bravo Hollande, toi président... courage fuyons...

Anonyme a dit…

Bonjour,
C'est la première fois que je vous écris. Je suis une voisine de Fos (où je vis) et dont je suis le sort depuis 30 ans.
Les gens ne comprennent pas tous les enjeux. Battez-vous, continuez. L'air de rien une majorité vous suis et est solidaire.
Des personnes isolées sont aussi de tout cœur avec vous car c'est exemplaire d'un saccage encore plus grand. Que tous vos syndicats se serrent les coudes !
Je viens de commenter les nouvelles du jour vous concernant ainsi sur le site d'un journal :


01/12/2012, 13:40 par Martine C.

Mon point de vue sur cette affaire est le suivant : il y a eu accord en sous main entre le gouvernement Ayrault et Mittal pour blouser les salariés, les sous traitants et, en définitive, une région tout entière, voire une "communauté nationale" dans son ensemble.

Ceux qui sont censés défendre l'intérêt général - et donc de tous les Français et surtout ceux qui produisent nos richesses - ont opté pour la trahison et le mensonge en connaissance de cause.

Il n'ont pas compris ou, plutôt, feignent de ne pas savoir que ce que l'on appelle "économie" est synonyme de "sort de tous et de tout un chacun" vis à vis de la "production de biens et de services utiles et profitables à tous" ! (Sans quoi nous sommes fondés à nous demander à quoi ça sert de "faire tout ça", disons de vivre, de penser, de peiner...)

Entre le temps et la peine que mettra un salarié de Mittal Lorraine pour aller s'employer à Piogn Yong ou Shangai pour avoir le droit de vivre (à supposer que cela lui plaise ainsi qu'à sa génération !) et celui que mettra le capital financier à la vitesse de la milliseconde pour circuler... il y a l'abîme - réel et conceptuel - qui sépare la chimère avec l'être de chair et de sang, qu'il soit singe, homme ou même poisson. Produire des biens et des services destinés à la vie des êtres matériels et au soin de leur environnement réel (la petite terre) et produire des valeurs dématérialisées, et spéculatives au sens strict, qui entrent en concurrence avec les premiers en les détruisant... est proprement démentiel. C'est comme si vous mettiez en concurrence la vitesse de la lumière avec celle d'un cheval de labour, voire de course ! Heureusement les lois de la physique ne le permettent pas...

Ne pas comprendre intellectuellement cela, lorsqu'on prétend s'occuper de l'intérêt général et de celui d'une planète si petite, relève soit de la débilité et du crétinisme le plus total, soit de la duplicité malveillante des apprentis sorciers de type "après nous le déluge"...

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Très amicalement et bon courage !

BIRKEL a dit…

EDF va devoir rembourser prés de 9 milliards d'euros aux Français. Profitez du fait que vous soyez dans la lumière pour proposer un actionnariat national privé en bons de souscriptions, en lieu et place des remboursement d'EDF. Alors ce seront les Français qui pourront racheter l’Aciérie de Florange à MITTAL. Pour le développement du business, il y aura à faire... Hugues Birkel hbceconsulting@yahoo.fr

Anonyme a dit…

je suis originaire de Moselle, j'ai travaillé en Allemagne dans le même type d'usine!! pourquoi personne ne nous dit que de l'autre coté de la frontiere! à 50km de là ca tourne plein pot avec 5000 employés! et un investissement recent de 220millions d euros (nov.2012)
http://www.dillinger.de/dh/index.shtml.fr

...

Georges a dit…

Georges

Alors Messieurs les syndicalistes avec vos grandes gueules qui allait tout cassées vous êtes fait baisser en beauté Et maintenant vous allez faire quoi rien du tout vous êtes des moutons .Tout en parole.