jeudi 8 décembre 2011

Production à l’arrêt dans la Fensch


« Pour nous, c’est une réussite ! Bloquer l’ensemble du site de Florange d’ArcelorMittal, ce n’est pas courant », lance Frédéric Weber, pour la CFDT. « Les militants de l’intersyndicale, soutenus par les salariés, se sont relayés aux différents portiers. Et ça a bien marché ! », confirme Walter Broccoli, pour FO. « Toutes les lignes de production sont à l’arrêt », se félicite Yves Fabbri, pour la CGT.

Dans les coups durs, on se sert les coudes. Et hier, dès 3h30, les grévistes l’ont prouvé en bloquant les cinq portiers de Hayange, Serémange-Erzange et Florange. Tous les trains ont également été arrêtés depuis la gare d’Ebange à Florange, dès 5h. Les trois syndicats se sont partagé les sites et se sont relayés durant vingt-quatre heures. Des salariés les ont rejoints tout au long de la journée. Un des objectifs visés par l’intersyndicale, pour cette mobilisation européenne. « C’est une première victoire et un premier coup de semonce ! », prévient Frédéric Weber. Quelques salariés ont été toutefois autorisés à rejoindre leur poste, « suivant une liste fournie par la direction », complète Walter Broccoli. « Car nous ne voulons pas saccager notre outil de travail », justifie Ludovic Monier, responsable de la maintenance électrique à Hayange. Pour une heure ou toute la durée de leurs postes, des salariés ont bravé la pluie et le froid pour soutenir le mouvement. Car les inquiétudes sont fortes. « Avec les fêtes de fin d’année qui approchent et l’incertitude quant à ce que l’avenir nous réserve, nous sommes angoissés », confie Geneviève. Cette mère de famille est employée au packaging à Florange. Son mari, Bernard, travaille quant à lui au train à chaud à Serémange. « On y pense tous les jours ,témoigne le couple. Il faut qu’on pense à l’avenir de nos enfants… » Dans ce contexte critique, Geneviève et Bernard envisagent même de quitter ArcelorMittal. « On est encore jeunes. On pourrait trouver du travail ailleurs… »

Quelques mètres plus loin, Sylvain Muller, délégué syndical CFDT AMTBL (ArcelorMittal Tailored Blanks Lorraine), ne cache pas son pessimisme quant à l’avenir de la sidérurgie. « Mais si on est là, c’est qu’on espère encore. Aujourd’hui, on montre à Mittal qu’il ne peut pas faire ce qu’il veut. Car c’est grâce à nous qu’il touche ses bénéfices ! »

R.L. DU 08/12/2011


Florange. « Non à la stratégie financière de Lakshmi Mittal », à l’appel de la fédération européenne des métallurgistes (FEM), en France, en Belgique, en Allemagne, en Espagne au Luxembourg des dizaines de milliers de métallos d’Arcelor Mittal ont manifesté hier.

« Aujourd’hui Mittal nous prend pour des ‘’intouchables’’. Il croit qu’il peut nous jeter d’un revers de manche ! Mais on se battra jusqu’au bout. Et s’il faut crever, on crèvera debout ! ».

2.800 salariés au chômage partiel

Toutes les entrées du site ArcelorMittal de Moselle étaient bloquées hier dès 3 heures du matin pour 24 heures à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, FO du site. Alors que la météo se déchaîne, les salariés se sont regroupés par vingtaines sous des tentes pour que « pas une rame n’entre sur le site, ni une bobine ne sorte ». Alors que le vent et la pluie battante font s’envoler un des piquets de grève, les ouvriers ne vacillent pas : « Vous voyez, on est prêts à se mouiller pour garder nos emplois ».

Les métallos mosellans ont choisi de « taper Mittal au portefeuille. Là où ça lui fait mal. Puisque c’est le seul discours qu’il entend ! », comme l’affirme Frédéric Weber, délégué syndical CFDT. Mais au-delà du blocage et des pertes qu’il va engendrer, c’est un cri symbolique que les métallurgistes d’Europe lancent à l’unisson. « Un premier pas vers une Europe des travailleurs. Tous les jours on nous parle de l’Europe de la finance. Mais la vraie vie, ce sont quand même des hommes ! », ajoute Frédéric Weber.

EST REPUBLICAIN DU 08/12/2011

Aucun commentaire: