lundi 3 décembre 2012

... Le Combat Continu !

Le Monde 03/12/12... Lakshmi Mittal respectera-t-il l'accord conclu avec le gouvernement ? Au terme d'un long bras de fer, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a annoncé, vendredi 30 novembre, être tombé d'accord avec le géant de l'acier : il n'y aura pas de plan social pour les 629 salariés de l'usine de Florange. Mittal investira encore 180 millions d'euros sur le site en cinq ans, et compte sur l'appui du gouvernement français pour obtenir un financement européen qui mettrait en place le projet "Ulcos", qui doit permettre une production d'acier moins polluante. Mais il y a des zones d'ombre, nombreuses. Essentiellement sur le sort des hauts-fourneaux de l'usine. Ceux-ci vont en effet être mis "sous cocon" dans l'attente de l'éventuelle mise en place d'Ulcos. En clair, ils seront éteints, et les syndicats semblent peu optimistes de les voir un jour rallumés. DES PROMESSES DE 2006 AU CAS GANDRANGE Ce d'autant que, comme l'ont rappelé certains syndicalistes, le groupe indien n'a pas toujours honoré ses engagements. Lorsqu'il réussit, en juin 2006, son OPA sur le groupe Arcelor, Lakshmi Mittal promet de respecter les engagements du groupe : "Il n'y aura pas de plan de restructuration, de licenciements collectifs ou d'autres plans de réduction de personnel chez Arcelor dans l'Union européenne." La promesse ne tiendra pas longtemps. Située non loin de Florange, l'usine ArcelorMittal de Gandrange est pointée du doigt. Le site perd 30 millions d'euros par an, selon la direction, qui annonce fin 2008 son intention de le fermer. Nicolas Sarkozy intervient personnellement, promettant aux ouvriers : "on ne vous laissera pas tomber". Mais il échoue à convaincre M. Mittal, et le groupe confirme la suppression de 575 postes. Toutefois, l'Etat dit avoir obtenu que Mittal investisse 35 millions d'euros pour créer un centre de formation, une unité de recherche ou un centre de services. Surtout, Mittal s'engage sur "le maintien de l'activité haut-fourneau sur son site de Florange (Moselle) au-delà de 2012". Un an plus tard, le gouvernement reconnaît, par la voix de Luc Chatel, que Mittal n'a que "partiellement" respecté ses engagements. Le 31 mars 2009, l'usine ferme ses portes. Le gouvernement, qui avait promis d'investir, n'a pu la sauver, et Nicolas Sarkozy, qui avait promis par deux fois de revenir voir les ouvriers du site, n'a jamais plus remis les pieds à Gandrange. Lire : Gandrange, caillou dans la chaussure de Nicolas Sarkozy 330 MILLIONS D'EUROS DE PROMESSSES Mais Gandrange n'est pas la seule fois où M. Mittal s'est laissé prendre au jeu des promesses en l'air. On peut ainsi retrouver un entretien de M. Mittal aux Echos, en avril 2008. M. Mittal y assurait : "La semaine dernière, nous avons dévoilé un plan de 330 millions d'euros d'investissement sur Florange [...] Aujourd'hui, nous décidons donc de rénover les hauts-fourneaux pour exploiter Florange au-delà de 2012". Ces fameux 330 millions d'euros d'investissements n'ont jamais vu le jour, selon les syndicats. Il faut aussi rappeler que dans le même entretien, M. Mittal vantait déjà le projet Ulcos : "Si nous pouvons travailler avec le gouvernement français, nous pourrions en effet réaliser cet investissement supplémentaire de l'ordre de 300 millions d'euros", assurait-il, expliquant que d'autres gouvernements étaient sur les rangs, mais que "si la France veut participer, elle aura réellement notre préférence". Ce fameux "projet Ulcos" est en fait porté depuis 2004 par les élus lorrains et Mittal. Mais ce dernier n'a jamais réellement investi dans cette idée novatrice, se contentant d'acquérir un permis d'exploitation minière en 2011. Le projet a été d'abord mal classé par la Commission européenne, qui semble avoir depuis changé d'avis, et décidera en décembre de son éventuel financement. Mais de nombreuses voix doutent de la pérennité d'un tel projet ou de sa capacité à maintenir de l'emploi sur le site de Florange. DES HAUTS-FOURNEAUX AUX ARRÊTS PROLONGÉS En 2009, un an après avoir fermé l'usine voisine de Gandrange, ArcelorMittal avait mis à l'arrêt l'un puis l'autre des deux hauts-fourneaux, mettant au chômage partiel un millier d'ouvriers. Les deux seront redémarrés en 2010 et 2011 quelques mois, avant d'être à nouveau arrêtés l'un après l'autre, le second (P6) ne devant être mis en veille que quelques semaines. "Cette mise en veille a été rendue nécessaire par un ralentissement saisonnier de la demande et nous redémarrerons le P6 lorsque nous aurons reçu les signaux adéquats du marché", explique alors le directeur du site, Thierry Renaudin. A gauche Arnaud Montebourg s'insurge : "Si Mittal se permet de défaire notre tissu industriel, c'est que le pouvoir politique lui a laissé prendre les clés de notre appareil de production, de nos savoir-faire, de la vie des salariés de l'industrie sidérurgique et de notre positionnement stratégique sur un marché clé : celui de l'acier." Las, les deux hauts-fourneaux ne sont pas redémarrés en janvier. Et en février, le groupe annonce que leur redémarrage n'interviendra pas avant juillet, au mieux. En pleine campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy intervient et promet qu'il a sauvé le site et arraché des promesses d'investissements à Mittal. Mais les syndicats dénoncent une "fausse annonce", et rappellent que M. Sarkozy a déjà promis 150 millions d'euros pour le site à l'été 2011, dans le cadre du fameux projet Ulcos. Quelques mois plus tard, en octobre, les craintes des syndicats deviennent réalité quand Mittal annonce la fermeture définitive du site. Mittal refuse en outre de le céder dans son ensemble, et demande au gouvernement de trouver un repreneur. Il faudra la mobilisation du gouvernement Ayrault pour la retarder en échange de l'encore hypothétique projet Ulcos. .

3 commentaires:

Unknown a dit…

En tant que ouvrier de Tata Steel je souhaite vraiment que ce fameux projet '' Ulcos '' voit le jour. Malheureusement Mittal vien de supprimer 50 postes à Nantes pour soit disant investir et transféré sur le site de Florange. Bref j'espère revoir un jour le P3 et le P6 craché ses fumé dans notre vallée de la Fench !

Jérémie Maire a dit…

Bonjour,

Je suis journaliste sur Newsring.fr, le site de débats de Frédéric Taddeï, de l'émission "Ce soir (ou jamais?)".

J'aimerais porter à votre connaissance l'existence de notre débat "Faut-il nationaliser Florange ?".
En voici le lien :
http://www.newsring.fr/societe/1473-faut-il-nationaliser-lusine-de-florange

Nous avons déjà recueilli les témoignages de votre délégué Édouard Martin, de Christian Estrosi, Hervé Novelli, François de Closets, Jean-Marc Sylvestre...

Ce sujet vous interpelle. Nous aimerions que les gens réellement concernés prennent part au débat. Newsring offre justement cette possibilité de venir débattre là où d'habitude il n'y a pas de place au débat. Le site offre une place pour les tribunes.

Seriez-vous intéressés par venir contribuer au débat ? Serait-il possible d'en faire le relais via votre blog ? Il est important que tout le monde s'en saisisse.

Un grand merci par avance,
Bien à vous,

Jérémie Maire | Newsring.fr
09.72.30.25.76

Anonyme a dit…

Mes pauvres!!!

Votre plus gros problème, croire de tels politiques!
Le politique ne peut rien, et c'est tant mieux, car c'est comme vous demander de gérer une entreprise, et encore, vous feriez mieux!!

Vous avez voté, il faudra assumer!