vendredi 15 septembre 2017

« PORTRAIT(S) DE TRAVAILLEURS – COMPRENDRE LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL »

MA PRÉFACE POUR LA NOTE « PORTRAIT(S) DE TRAVAILLEURS – COMPRENDRE LA QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL » DE LA FABRIQUE DE L'INDUSTRIE

La Fabrique de l'Industrie m'a fait l'honneur de me demander de préfacer leur note « Portrait(s) de travailleurs – Comprendre la qualité de vie au travail » J'ai tenu à en partager le contenu avec vous ici. Pour lire l'intégralité de la note, vous pouvez le faire en cliquant ici 
Le travail, quelle que soit sa forme, garde un rôle structurant dans la vie de chacun. C’est un facteur essentiel d’émancipation et de cohésion sociale. Il participe à la construction de notre identité et de notre lien aux autres. C’est aussi la première source de création de richesse pour les entreprises. Le travail a pourtant perdu en visibilité dans le débat social comme dans le débat public, souvent confondu ou éclipsé par les questions d’emploi, qui ont pris légitimement une place prépondérante alors que le chômage reste massif.
Beaucoup de clichés et d’idées fausses sont véhiculés, alors que le travail est en perpétuelle transformation. Avec le numérique et la transition écologique, de nouvelles formes d’activité voient le jour, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise. Parallèlement, des formes d’activité plus traditionnelles perdurent : non, le taylorisme n’est pas encore dernière nous ! Si les réalités de travail se diversifient, une chose demeure cependant : le besoin des travailleurs d’être écoutés et de s’exprimer sur leur quotidien.
Toutes les initiatives qui contribuent à remettre le travail et les travailleurs au-devant de la scène sont donc à saluer, c’est le cas de ces « portraits de travailleurs » initiés par la Fabrique de l’industrie.
En décembre 2016, la CFDT a quant à elle lancé une grande enquête, à laquelle plus de 200 000 personnes ont répondu en quelques mois.
Nos deux initiatives montrent d’abord une chose : quand on écoute les gens parler de leur travail, les caricatures et les préjugés tombent rapidement. Le travail est un lieu complexe. Ça n’est pas tout noir ou tout blanc. Ce n’est « ni l’aliénation systématique, ni le nirvana pour tous» !
Plus des trois quarts des répondants à notre enquête disent aimer leur travail. Beaucoup s’y sentent utiles et en sont fiers. Leur engagement dans leur travail dépasse la seule contrepartie financière.
Mais cette fierté n’exclut pas les difficultés. Le travail peut être dangereux pour la santé, source de douleurs et d’anxiété. La pénibilité physique est toujours une réalité pour 44% des travailleurs. Et la note de La Fabrique met en lumière un profil d'"accidentés du travail" dont les individus font part de fortes tensions au travail. Avec les nouvelles technologies et la course perpétuelle au profit, l’intensification du travail est également une cause de mal-être.
La CFDT milite pour une approche préventive de la pénibilité. C'est cette dimension que nous défendons dans la mise en œuvre du compte pénibilité. C'est aussi pour cela que nous demandons la généralisation des négociations sur la qualité de vie au travail (QVT). L’étude de la Fabrique révèle qu’il y a peu d’intérêt à évoquer les différentes composantes du travail indépendamment les unes des autres. Cela donne un aperçu tronqué du travail, trop éloigné du ressenti des travailleurs. Négocier la QVT dans son ensemble permet au contraire d’examiner conjointement l’organisation du travail, ses conséquences sur la santé, la formation, l’égalité professionnelle…
Mais le mal-être au travail peut aussi provenir du manque d’autonomie. Près de la moitié des répondants à notre enquête Parlons travail estiment passer davantage de temps à rendre des comptes qu’à travailler ! Beaucoup ont l’impression de pouvoir être remplacés par une machine. Ces situations sont sources de dévalorisation pour le travailleur et pour les entreprises, ce sont des potentiels de travail sous-estimés.
Plus d'autonomie ne doit pas signifier être livré à soi-même et responsable de tout, sous peine de créer plus de pression et d’insécurité encore, comme le montre la note de la Fabrique. Mais il est important que les travailleurs puissent retrouver les marges de manœuvre nécessaires pour effectuer leur travail. Il faut faire évoluer le management vers des pratiques plus coopératives, s’appuyant sur les compétences de chacun et sur un collectif de travail. Le modèle de l’entreprise hyper hiérarchisée et verticale a fait son temps. Dans les entreprises, comme dans les administrations ou les collectivités locales, les travailleurs attendent davantage de lieux d’expression sur leur travail et sur son organisation.
Mais au-delà de pouvoir s’exprimer, ils veulent pouvoir peser sur leur quotidien au travail et sur l’avenir de l’entreprise. C’est le sens de l’engagement de la CFDT pour un réel dialogue économique et social dans les entreprises. Par les instances représentatives du personnel comme dans les négociations, la vie des salariés doit compter dans les entreprises.
Dans ce monde en plein bouleversement, les entreprises ne doivent pas s’y tromper : celles qui tireront leur épingle du jeu seront celles qui feront de l’engagement et des savoir-faire de leurs salariés l’atout de leur réussite, une réussite basée sur l’émancipation, la reconnaissance et le respect des travailleurs.

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