Il pleuvait hier soir à Florange, comme il y a 20 ans, quand Bernard Lavilliers était venu jouer pour les sidérurgistes du U4 de Uckange. Uckange où Lavilliers aurait dû retrouver les ouvriers d’ArcelorMittal. Mais les éléments et Joachim, tempête du jour, en ont décidé autrement.
C’est donc à la Passerelle que l’artiste et ses fans, combattants d’une même lutte se sont retrouvés. Jean-Christophe, 46 ans, était là parmi les premiers. « J’étais là il y a 20 ans, je soutenais les ouvriers en lutte, dont mon père. 20 ans après, on est toujours là, le poing levé ! ».
Ils étaient une cinquantaine à attendre le « Lorrain de Saint-Etienne », une petite déception pour Jean-Louis Malys, ancien d’Uckange qui avait initié la venue de Lavilliers en 1991 et aurait aimé voir bien plus de monde ici.
Michel Liebgott, député-maire de Fameck et Philippe Tarillon, maire de Florange, sont de ce chaleureux comité d’accueil. Dans le groupe, quelques anciens du U4 se remémorent le passé. « Dommage que les jeunes ne se battent plus comme avant », regrettent certains, pour d’autres, « quoi qu’il arrive, on restera debout ! ».
« Mittal : le faisan, l’escroc ! »
« Causes perdues et musiques tropicales », le dernier album de Lavilliers résonne dans toutes les têtes ici. « On est pas venus pour pleurer », tempête Edouard Martin infatigable syndicaliste de la CFDT, venu accueillir l’artiste avec des t-shirts. L’un orange vif, sérigraphié d’un haut-fourneau « SOS sidérurgistes », l’autre gris marqué : [sidérurgistes]. « L’idée est que tu fasses passer notre message » a expliqué Edouard Martin. Et le message hier soir était clair : « l’acier Lorrain vivra ! ». Bernard Lavilliers n’a pas failli à ses convictions, « fidèle à mes idées, au monde du travail », Sarkozy « et ses promesses » à qui les sidérurgistes réservent leur plus bel accueil pour sa venue le 1 er janvier prochain à Metz, Besson « et son identité nationale », Mittal « le faisan, l’escroc » soufflés comme des pantins de la Fensch Vallée, pour une soirée au moins.
Jean-Christophe est ému, « je suis fier d’être Lorrain. Ici on se bat pour quelque chose », fière aussi, Katia qui suit Bernard depuis toujours, des premiers concerts au caveau des Trinitaires à Metz, à la toute dernière tournée.
Quelques heures plus tard, noir sur la salle. Ils sont 1.000 dans la petite salle de La Passerelle. Lavilliers les emmène vers son « Eldorado » brésilien, puis ce sera « New York, juillet » 1977, puis le titre phare « Causes perdues et musiques tropicales » et un message appuyé : « guerroyez ! »
EST REPUBLICAIN du 17/12/2011
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